NOTE DE POSITION

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Place des jus de fruits dans les recommandations de Santé publique

Les points à retenir

Ce document s’appuie sur des données de composition nutritionnelle des aliments, de
consommation alimentaire française et de la littérature scientifique. Il a vocation à réouvrir la discussion quant à la place des jus de fruits dans les recommandations alimentaires françaises actuelles et la nécessité d’en faire une catégorie à part entière au sein de ces recommandations.
Les principaux arguments légitimant cette position sont :

– Conformément à la législation européenne, les jus de fruits ne contiennent pas de sucre ajouté mais seulement le sucre des fruits dont ils sont issus.

– Les consommations réelles montrent qu’il n’y a pas de surconsommation de jus de fruits en France, conformément aux recommandations de l’Anses : les surconsommateurs de jus de fruits représentent moins de 10% et constituent une population particulière de surconsommateurs de sucres de toutes origines. Il est donc nécessaire de cibler davantage cette catégorie de consommateurs lorsqu’on étudie les consommations de jus de fruits en France.

– Au regard des enjeux de santé publique, les jus de fruits contiennent des nutriments intéressants (exemple : vitamine C, vitamine B9 ou encore des minéraux tels que le potassium) pour lesquels il existe des inadéquations aux recommandations dans la population, notamment dans le cadre d’une trop faible consommation de fruits frais.

– D’après des méta-analyses scientifiques, les jus de fruits ne présentent pas un risque pour la santé et pourraient même présenter des bénéfices, dans le cadre d’une consommation modérée d’un verre par jour, ce qui est très majoritairement le cas en France.

L’ensemble de ces points, ainsi que les dynamiques de consommation, différencient clairement les jus de fruits et les autres boissons avec sucres ajoutés ou édulcorées.

Au regard de ces différents éléments, et afin de permettre une plus grande clarté auprès des consommateurs, il nous semblerait légitime et souhaitable de sortir les jus de fruits de la catégorie «boissons sucrées» et d’en faire une catégorie à part entière au sein des repères nutritionnels du Programme National Nutrition Santé (PNNS).

Contexte

 

Les nouveaux repères nutritionnels du PNNS dévoilés en 2019 ont abouti à la création d’une unique catégorie « boissons sucrées » au sein de laquelle les jus de fruits ont été inclus.

L’ Anses, une des instances consultées pour réactualiser les repères propose pourtant dans ses recommandations officielles une distinction au sein de cette catégorie en précisant « pas plus d’une boisson sucrée par jour (en privilégiant les jus de fruit) »1. Le HCSP dans son avis du 16 février 2017 sur le sujet recommandait cette même distinction. Cette précision n’a pas été reprise par Santé Publique France dans sa version définitive des repères nutritionnels, ni de ce fait dans sa communication sur le site mangerbouger.fr.

Ainsi, ces recommandations émises par Santé Publique France amènent à considérer les jus de fruits uniquement au regard de la quantité de sucres qu’ils contiennent et non de façon plus globale au regard de leur densité nutritionnelle, pourtant bien différente de celles des autres boissons sucrées.

Ces recommandations ont contribué à une stigmatisation des jus de fruits comme des produits uniquement sucrés et dépourvus de tout intérêt nutritionnel. Cette idée a fortement été relayée par les médias, qui à tort complètent bien souvent leur propos en indiquant qu’ils contiennent des sucres ajoutés, ce qui ne reflète pas la réalité de la composition de ces produits.

LA DEMANDE DE LA FILIERE DES JUS DE FRUITS

 

Cet état des lieux scientifique a pour but de servir de base pour réouvrir la discussion au sujet de la place des jus de fruits dans les repères alimentaires et les recommandations de santé publique françaises qui en découlent.

Notre souhait est qu’une distinction claire soit faite entre les jus de fruits et les autres boissons sucrées :

1) en les retirant de cette catégorie commune ;

2) en en faisant une catégorie à part entière compte tenu de leur densité nutritionnelle différente.

Nous ne souhaitons cependant aucunement que la recommandation de volume de consommation soit revue à la hausse et soutenons la recommandation d’un verre maximum par jour.

LES JUS DE FRUITS : UNE CATEGORIE DE BOISSONS A PART ENTIERE

NB à l’attention des lecteurs 

Dans ce document :

– Nous emploierons par défaut le mot « sucres » en référence aux glucides simples (sucres totaux). Lorsque nous parlerons de « sucres libres » ou de « sucres ajoutés », cela sera précisé.
– « Un verre » fera référence à un volume de 200 mL tel que défini par les recommandations de l’Anses, et « un petit verre » correspondra à un volume de 150 mL.

– L’ensemble des données de consommation présentées sont issues des travaux du Crédoc sur la base des enquête CCAF. Il est à noter qu’il existe une moindre représentativité dans la catégorie des adolescents (base en 2019 : 1018 enfants (3-14 ans), 119 adolescents (15-20 ans) et 1810 adultes (> 20 ans)).
– Pour décrire les données de consommation rapportées par le Crédoc, nous parlerons de « jus de fruits » afin de fluidifier la lecture mais les données regroupent les consommations de jus de fruits (purs jus et jus à base de concentré) et de nectars, qui représentent environ 15% de cet ensemble.
– Les données de consommation présentées excluent systématiquement les non-consommateurs de jus.
– ABC ; à base de concentré.
– PMG : Petit Moyen Grand (consommateur).

A- Les jus de fruits purs jus et à base de concentré ne contiennent jamais de sucres ajoutés

Les jus de fruits sont des produits dont la fabrication et la composition sont rigoureusement encadrées par la loi au niveau européen2. Au sein des jus de fruits se retrouvent deux grandes catégories :

Les purs jus : Les jus de fruits dits « purs jus », sont obtenus par seul pressage des fruits sans adjonction d’aucune sorte. Ainsi, ils ne contiennent pas de sucres ajoutés, pas d’additifs, il s’agit uniquement du jus issu du fruit pressé. Ils peuvent être soumis à un traitement de stabilisation (le plus souvent une pasteurisation) ou non.
Les jus à base de concentré : il s’agit de fruits pressés dont le jus a été concentré par évaporation afin de faciliter le transport et le stockage, puis reconstitué avec l’ajout d’un volume d’eau à hauteur de sa quantité initiale.

Dans les deux cas, ils ne contiennent aucun sucre ajouté ni édulcorant, tel qu’exigé par la réglementation. Finalement dans les deux cas les jus sont stabilisés pour des raisons sanitaires (pasteurisation ou autres procédés). Leur processus de fabrication, leur composition et leur naturalité sont donc bien différents de ceux des autres boissons inclues dans la catégorie « boissons sucrées ».

Pour information : Les nectars ne sont pas des jus de fruits en tant que tel et constituent une catégorie à part pour lesquels la réglementation autorise un ajout de sucres (dans la limite de 20% de la masse totale), ainsi qu’un ajout complémentaire d’eau. Ces différents ajouts permettent notamment la consommation de jus de fruits généralement trop acides (ex : groseilles) ou trop pulpeux (ex : bananes) dont le jus n’est pas consommable en l’état2.

Cette note est focalisée sur les jus de fruits qui représentent 85 % des produits consommés dans ce secteur par la population française, versus 15% pour les nectars.

B- Données de consommation et contribution des jus de fruits

Issus directement des fruits, les jus de fruits contiennent, à l’exception des fibres, l’essentiel des nutriments présents dans les fruits d’origine et en quantités très comparables (cf. tableau ci-dessous) : des vitamines, des minéraux, des polyphénols, et des sucres naturellement présents dans les fruits.

Si l’on compare un jus d’orange industriel avec une orange, la table de composition nutritionnelle Ciqual 2020 de l’Anses nous indique les données suivantes :

Ce tableau indique que les jus de fruits industriels conservent la densité nutritionnelle des fruits dont ils sont issus. Certaines valeurs, comme le bêta-carotène, sont même supérieures pour les jus de fruits par effet de concentration et représentent un intérêt nutritionnel non négligeable. Leur densité nutritionnelle est donc proche des fruits et significativement supérieure à celle des autres boissons sucrées.

Par ailleurs, certaines études ont montré que la biodisponibilité de certains polyphénols serait plus élevée dans un jus de fruits que dans un fruit entier3.

1. Quelle réalité de consommations ?

– Les jus les plus consommés ne sont pas les plus sucrés

Le type de jus de fruits le plus consommé en France est le jus d’orange (44% des jus consommés), contre seulement 13% pour la pomme, 3% pour l’ananas ou encore 2% pour le raisin qui sont naturellement plus sucrés.4

– Une consommation de jus raisonnée

Au regard des recommandations émises par l’Anses, la grande majorité de la population française ne surconsomme pas de jus de fruits. En effet, d’après les données Crédoc de l’enquête CCAF 2019, 90% des enfants (3-14 ans), 82% des adolescents (15-18 ans) et 93% des adultes (18 ans et plus) respectent les recommandations de l’Anses en consommant maximum 1 verre de jus de fruit (200mL) par jour (cf. annexe 1). La consommation moyenne de jus de fruits est de respectivement 119mL, 157mL et 118mL par jour pour les enfants, adolescents et adultes5.

2. Quelle contribution des jus aux apports en sucres ?

Du fait de la nature et des volumes de jus de fruits consommés en France, leur contribution aux apports en sucres journaliers reste relativement faible et représente respectivement 12,8%, 13,7% et 10,5% des apports en sucres simples des enfants, adolescents et adultes5. Ils se placent 4ème contributeur chez les enfants derrière les pâtisseries, les produits sucrés et les autres boissons sucrées5.

Les jus de fruits contiennent différents types de sucres (le glucose, le fructose et le saccharose) dans des proportions similaires à celles présentes dans les fruits dont ils sont issus. Actuellement, l’Anses recommande de ne pas dépasser un apport de 50g de fructose par jour afin de prévenir des effets néfastes pour la santé6. La proportion de fructose varie d’un fruit à l’autre : elle représente 40% des sucres présents dans le jus d’orange, et jusqu’à maximum 60% dans le jus de pomme7,8. En se basant sur la consommation moyenne quotidienne en jus de fruits des Français (118mL/j)5, l’apport en fructose quotidien via les jus est compris entre 5g pour du jus d’orange, et 8g maximum pour un jus de fruits plus sucré tel que le jus de pomme, représentant donc 10 à maximum 16% des apports journaliers en fructose à ne pas dépasser.

Ainsi, les données de consommations démontrent une consommation en volume globalement inférieure à la recommandation de l’Anses pour la majorité des consommateurs de jus, qu’ils soient enfants, adolescents ou adultes, et une contribution en sucres qui reste raisonnable.

Les surconsommateurs de jus : une sous-population de consommateurs spécifiques à adresser

Bien que la majorité de la population ait une consommation raisonnable de jus de fruits, 10% des enfants, 18% des adolescents et 7% des adultes dépassent les recommandations de 1 verre par jour (cf. Annexe 1). Les données indiquent que bien qu’ils soient de plus grands consommateurs de sucres, ces surconsommateurs de jus possèdent des profils alimentaires différents qui ne s’apparentent pas aux autres surconsommateurs de sucres (consommation supérieure aux recommandations de l’OMS9.

  • • Consommations de fruits frais : Il existe une corrélation positive entre consommation de jus de fruits et consommation de fruits frais10 (cf. Annexe 2). Au final, les enfants surconsommateurs de jus de fruits consomment davantage de fruits frais (70g/j) que les surconsommateurs de sucres (51g/j)10.

Chez les enfants surconsommateurs de jus de fruits, on observe un volume de consommation de jus de fruits stable voire en baisse depuis 2010.

De façon plus générale, les adultes surconsommateurs de sucres consomment en moyenne moins d’un petit verre de jus de fruit par jour (87,7mL/j).

  • • Le niveau socio-économique : le gradient négatif des apports en sucres libres selon le niveau de salaire dans la population ne s’applique pas à la consommation de jus de fruits5.
  •  
  • • Le niveau d’activité physique : les données indiquent que les enfants ayant une plus grande activité physique consomment significativement plus de jus que ceux ayant une activité faible. Ces résultats ne sont pas valables pour les adolescents et les adultes, mais permettent de fournir des informations préliminaires intéressantes pour la caractérisation des profils des enfants grands consommateurs de jus.

 

Ces premiers éléments de réponse sur la caractérisation des profils des grands consommateurs de sucres et de jus traduisent la nécessité d’adresser différemment ces populations : en effet les grands consommateurs de sucres au global ne consomment pas nécessairement de jus en excès, tandis que les surconsommateurs de jus de fruits sont des grands consommateurs de sucres avec des profils socio-démographiques et de consommation bien spécifiques.

3. Les jus contiennent de nombreux éléments nutritionnels d’intérêt

Les jus de fruits contiennent également des nutriments naturellement présents dans les fruits dont ils sont issus tels que des vitamines (comme la vitamine C et la vitamine B9 présentes en quantités intéressantes dans le jus d’orange), des minéraux (magnésium, potassium…) et des polyphénols (flavonoïdes, tanins…), qui possèdent divers intérêts pour la santé11,12.

Les jus de fruits sont sources de nutriments pour lesquels il existe des inadéquations aux recommandations dans la population (cf. Annexe 6) :

    • La vitamine C : Un petit verre de jus d’orange (150 mL) apporte 55,5 mg de vitamine C13, ce qui couvre intégralement le besoin journalier en vitamine C d’un enfant de moins de 10 ans, et plus de la moitié des besoins en vitamine C journaliers d’un adulte14. Ainsi, 56% des enfants consommateurs de jus atteignent les recommandations en vitamine C, contre seulement719% des enfants non-consommateurs de jus5. Les jus de fruits sont ainsi les premiers contributeurs en vitamine C chez les enfants.
    •  
  • La vitamine B9 (ou folates) : Un petit verre de jus d’orange (150 mL) contient 45μg de folates13, ce qui permet de couvrir 18% du besoin nutritionnel moyen (BNM) journalier des femmes adultes15 – un besoin non couvert pour environ 30% des femmes en âge de procréer, dont 13% en situation de déficience16, ce qui représente un réel problème de santé publique.
  • Le potassium : dans un contexte où les taux de prévalence d’inadéquation aux recommandations dépassent 50% chez les 7-17 ans14, les jus de fruits représentent la première source d’apport en potassium chez les enfants.

 

Les jus de fruits sont donc des aliments utiles afin de couvrir les besoins nutritionnels des populations pour lesquelles il existe des inadéquations aux recommandations et/ou des déficiences.

– Les systèmes de scoring appliqués aux jus de fruits

Voici le positionnement des jus de fruits dans le Nutri-Score et le SAIN-LIM :

  • • Si le Nutri-Score évalue essentiellement les jus sur la base de leur composition en sucres, il est à noter qu’une composante dite « fruits & légumes » est intégrée dans l’algorithme boisson de celui-ci. Il en ressort que les jus de fruits s’étalent entre les notes B et E, une majorité des jus ayant la note C.
  •  
  • • Le SAIN-LIM quant à lui classe les aliments en mettant en perspective d’un côté leur densité nutritionnelle (le SAINSENS, qui correspond à la teneur en fruits et légume et la présence de vitamine C pour les boissons) et de l’autre les éléments qu’ils contiennent à limiter (le LIMSENS qui correspond à la teneur en sucres libres, en sodium et en acides gras saturés) afin d’évaluer la place de ces derniers dans l’alimentation en les classant (cf. méthodologie de calcul en Annexe 7).
  •  
  • ➔ Si le LIMSENS est relativement égal entre un jus de fruits et une boisson sucrée, le calcul du SAINSENS Boissons en revanche attribue un score élevé aux jus de fruits.
  • La classification au regard du rapport SAIM/LIM place ainsi 87% des jus de fruits en catégorie 2 « aliments utiles »17. A noter que la catégorie 1 est exclusive à l’eau (cf. Annexe 7).

Ce second système de classification objective donc la distinction en termes de densité nutritionnelle entre les jus de fruits et les autres boissons sucrées.

L’intérêt nutritionnel des jus de fruits est d’autant plus important dans le cadre d’une faible consommation de fruits frais

Malgré un fort encouragement de la part des pouvoirs publiques, en 2021 ce sont toujours 78% des adultes et 90% des enfants qui n’atteignaient pas la recommandation de 5 fruits et légumes par jour18

De nombreux freins à la consommation de fruits frais ont été relevés et peuvent expliquer ces chiffres : le manque de praticité, le rejet des textures par les enfants, ou encore leur coût, particulièrement dans le contexte inflationniste actuel. A titre d’exemple 1 verre de jus d’orange de 150mL revient à 0,23€19, contre 0,92€20pour son équivalent en fruits frais, soit 4 fois moins cher21. Ces freins peuvent par exemple expliquer pourquoi 41% des collégiens ayant un apport fruitier au petit-déjeuner l’ont sous forme de jus de fruits22.

Si les jus de fruits ne doivent pas remplacer les fruits frais, la consommation insuffisante de ces derniers couplée aux différents freins identifiés renforcent l’intérêt nutritionnel non négligeable des jus de fruits dans un tel contexte, particulièrement chez les CSP- qui sont ceux qui consomment le moins de fruits et légumes frais.

Les études scientifiques n’indiquent pas d’effet négatif sur la santé d’une consommation raisonnable de jus de fruits.

Au-delà des systèmes de scoring, il est important de considérer l’effet des jus de fruits sur la santé. Pour tirer une conclusion sur les effets santé des jus de fruits, il est d’abord important de ne retenir que les études qui font clairement la distinction entre les jus de fruits et les autres boissons sucrées, notamment les boissons aux fruits. Or, cette distinction n’est pas toujours faite et les amalgames restent nombreux.

A ce jour, les études scientifiques publiées indiquent qu’une consommation raisonnée de jus de fruits – ce qui est le cas pour plus de 90% de la population française adulte n’augmente pas le risque de diabète, d’obésité et de mortalité car leurs apports en sucres restent modestes 23,24,25,26,27,28,29.

Des méta-analyses récentes ont également été réalisées sur le sujet afin de croiser les données de la littérature scientifique sur le lien entre consommation de jus de fruits et maladies cardiovasculaires. Il a ainsi été démontré qu’une consommation modérée de jus (jusqu’à environ 200mL/j) permettrait de moduler positivement certains marqueurs cardio-métaboliques tels que le taux de cholestérol total ainsi que la résistance à l’insuline30. Une consommation modérée permettrait également de diminuer les risques d’accidents vasculaires cérébraux31,32.

Cela peut s’expliquer notamment par la richesse globale des jus de fruits en polyphénols et autres antioxydants naturels (vitamine C, vitamine A et caroténoïdes) 12,30,33,34.

CONCLUSION

Bien que les jus de fruits contiennent des sucres, les données de consommation françaises montrent qu’il n’y a pas de surconsommation de jus de fruits par rapport aux recommandations pour la grande majorité de la population, et que leur contribution à l’apport en sucres global reste donc faible. Une consommation modérée notamment soutenue par un engagement de la profession pris en 2018 de limiter la portion de référence à 150 mL sur les emballages de jus au lieu de 200 mL jusque-là. Des études ont montré que de tels volumes de consommation n’engendraient pas d’effets néfastes pour la santé. Au contraire, les jus peuvent être bénéfiques car ils aident à combler les carences en micronutriments souvent observés chez les Français. Il apparaît donc essentiel de reconsidérer la place des jus de fruits dans l’alimentation en tenant compte de la balance bénéfices-risques de leur consommation et des enjeux actuels de santé publique.

Les jus de fruits sont donc des produits uniques par leur naturalité, leur densité nutritionnelle, mais également leur niveau de consommation en France.

Au regard de ces différents éléments, et afin de permettre une plus grande clarté auprès des consommateurs, il nous semble légitime et souhaitable de sortir les jus de fruits de la catégorie « boissons sucrées » et d’en faire une catégorie à part entière.

Cette note fait uniquement état des caractéristiques nutritionnelles et sanitaires des jus de fruits. La filière a tout à fait conscience que cette dimension n’est plus la seule à prendre en compte et qu’il est désormais important de travailler sur l’impact environnemental de ses produits. Unijus et ses adhérents sont engagés dans un travail de récolte de données et d’analyses pour approfondir leurs connaissances sur le sujet. Décarbonation, réduction des déchets d’emballage, agriculture durable et protection de la biodiversité, de nombreux chantiers sont ouverts pour évaluer puis réduire l’impact environnemental des jus de fruits et tendre vers une alimentation toujours plus saine et plus durable. De premières informations consolidées devraient être disponibles d’ici un an.

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